Cas: le VEHICULE AUTONOME, la route est encore longue !
Fin 2010, on pensait que le véhicule autonome serait là dans quelques années. Dans l'imaginaire collectif, le véhicule autonome n'a plus besoin ni de volant, ni de pédale, il se conduit seul sur toutes les routes dans toutes les conditions... Nous en sommes encore loin, même si les progrès sont nombreux.
Il est maintenant admis que l'avènement du véhicule autonome sera progressif. Aujourd'hui la voiture autonome de niveau 2 est validée et banalisée. L'autonomie des véhicules est classée selon des niveaux allant de 0 à 5:
- niveau 0 - aucune assistance
- niveau 1 - assistance ciblée sur un axe (distance/véhicule devant, franchissement ligne blanche, ...)
- niveau 2 - aide à la conduite supervisée par le conducteur (aide au stationnement, régulateur adaptatif, ...)
- niveau 3 - conduite déléguée dans des circonstances prédéfinies (stationnement intelligent, pilote sur autoroute, ...). C'est le 1er réel stade d'autonomie.
- niveau 4 - conduite pleinement déléguée dans des zones géographiques définies
- niveau 5 - conduite totalement autonome dans toutes les conditions
Au delà de cette nomenclature, avons-nous tous besoin de véhicules totalement autonomes et sommes nous prêts à en payer le prix ? seuls les niveaux 4 et 5 apporteront du temps libre au conducteur.
Car pour construire un véhicule totalement autonome, même en multipliant les détecteurs: Lidars, lasers, radars, caméras, ... l'autonomie totale en toute circonstance est encore hors de notre portée.
Mercedes est le premier aux USA à recevoir une certification pour sa technologie de conduite autonome de niveau 3. Celle-ci est limitée à 65 km/h et si le conducteur ne reprend pas la main quand le véhicule le demande, il déclenche un procédure d'urgence (ceci correspond au besoin de conduite dans les embouteillages).
L'arrivée des véhicules autonomes a impliqué l'évolution des législations, car, à partir du niveau 3 ce n'est plus le conducteur qui est responsable mais le constructeur de la voiture!
Des expériences assez avancées de taxis autonomes ont été menées dans la ville de San Francisco depuis des années par Waymo et Cruise (respectivement filiales de Alphabet/Google et Ford). Récemment les autorités de régulation SFTA leur ont demandé de limiter le déploiement de leurs véhicules autonomes. Ces taxis ne sont autorisés à rouler que de 22h à 6h à 50 km/h maxi et ils ont provoqués des blocages de carrefour ou des accrochages, fuite devant un véhicule de police, ... Les régulateurs pensent que ces véhicules ne sont pas encore prêts à affronter l'extrême variété des situations de conduite dans une ville comme San Francisco. L'arrivée des taxis autonomes dans nos capitales n'est donc pas pour demain.
Autre cas d'usage du véhicule autonome, celui des navettes autonomes, le transport du dernier kilomètre. On pourrait penser que le transport collectif serait un cas d'usage plus facile à cibler car dans des espaces dédiés. La société Navya qui vient de se déclarer en cessation de paiement nous démontre le contraire.
En juillet 2020, la start-up avait pourtant annoncé avoir atteint le niveau 4 pour sa navette: conduite autonome sans pilote dans un milieu fermé.
Les explications de cet échec sont multiples:
- la vitesse de la navette en niveau 4 était de 15 km/h ce qui en limite l'intérêt pour les passagers (ils vont plus vite à vélo).
- la difficulté à trouver un bon modèle économique pour le transport de passagers. Ainsi la taille de 4m de la navette ne permet pas de transporter suffisamment de passagers pour être rentable, la taille adaptée semble être in-fine de 6m.
- la construction des navettes est un défi industriel difficile et coûteux à maîtriser pour une start-up. Il est impératif de développer des partenariats avec des constructeurs pour cela.
- un burning-rate de Navya trop élevé pour tenir dans la durée sur un marché incertain (20-25 m€/an)
Sur le même créneau, une autre start-up EasyMile a pivoté il y a 3 ans et s'est ré-orienté sur le marché des véhicules autonomes en milieu industriel avec un tracteur de marchandises autonome en espérant pouvoir revenir s'attaquer au marché du transport de passagers d'ici 2026.
En résumé, la conduite autonome est en marche, elle progresse mais assez doucement. Il ne faut pas s'attendre à une révolution rapide dans ce domaine. Les cas d'usages doivent être ciblés pour réussir. Nous ne verrons peut-être jamais le niveau 5 mais, en avons-nous réellement besoin?
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