Cas: du MINITEL au WEB
Pour qui a vécu en France dans les années 90, le Minitel était omniprésent et semblait incontournable, au point que de nombreuses entreprises ne voyaient pas l'intérêt de développer leur site Web.
C'est, en fait, une parfaite illustration de destruction créative (cf article sur la destruction créative) et je l'ai vécu de l'intérieur.
Pour commencer, il faut rappeler ce qu'était le Minitel à cette époque.
(voir fiche Wikipedia sur le Minitel).
En 1990, il y a environ 6,5 millions de minitels en France, en 2000, il y en a 9 millions. Mais c'est surtout l'explosion des services disponibles qui est spectaculaire:
- 145 en 1984
- 2 074 en 1985
- 5 000 en 1987
- 25 000 en 1995
A la fin des années 90, les services Minitel génèrent 1 Md€/an de revenus et sont utilisés par 25 millions de personnes. Même Yahoo ou Alta Vista avaient ouvert un service Minitel accédant à leur moteur de recherche!
Au delà de l'architecture technique, le succès du Minitel vient avant tout du modèle économique associé (cf article sur modèle économique).
En 1998, je travaillais dans une grande banque de détail française et je tentais de développer son 1er site Web pour la clientèle de détail. Les équipes Marketing ne comprenait pas pourquoi, nous devions offrir un service gratuit sur le Web (donc un centre de coût) alors que nous avions une solution complète en Minitel et qui en plus rapportait de l'argent à la Banque.
Nous avons finalement développé notre site Web, qui connut rapidement un grand succès. Le site était par contre gratuit, sans abonnement car les clients n'étaient pas prêts à payer un abonnement pour utiliser un tel service.
Il a fallu apprendre à maîtriser le modèle économique du Web pour un service bancaire:
- considérer la visite d'un client sur le site Web de la Banque comme une opportunité de contact
- développer le multi-canal
- encourager le client à faire lui-même, en self-service, ses opérations plutôt que passer en agence
Le Minitel était débranché en 2012, c'était la fin d'un modèle économique unique.
Commentaires
Enregistrer un commentaire